Bois Qualité Savoie
Une marque au service des savoir-faire du Pays de Savoie.
Bois Qualité Savoie est une association qui réunit scieurs, charpentiers, lamellistes, négociants et menuisiers, associés derrière la marque BQS pour valoriser leurs savoir-faire et la ressource forestière locale. Un cahier des charges interne, audité par un organisme indépendant assure la qualité des produits le long de la filière. L’objectif de l’association “est d’augmenter la part du bois local dans la construction en valorisant les entreprises territoriales”.
BQS a été fondé en 2006 à l’initiative des scieurs des Pays de Savoie. Au fil des ans, la marque a rassemblé différents acteurs de la filière, depuis les scieries jusqu’aux charpentiers, menuisiers, lamellistes et négociants.
Le sapin et l’épicéa sont les essences utilisées par BQS. L’altitude et le climat montagnard assure une croissance lente et une excellente qualité des fibres. Le bois est certifié PEFC.
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Approvisionnement en bois
“Ça a toujours été une volonté de faire du circuit court, même avant BQS.” Sylvain Chaumontet, directeur de scierie.
Bois Qualité Savoie n’a pas intégré la gestion forestière dans son fonctionnement. En revanche elle impose à ses adhérents de se fournir avec au moins 80% de bois originaire des Pays de Savoie.
La scierie Chaumontet achète ses grumes sur pied à l’ONF, à la FNCOFOR ou à des particuliers exclusivement en Haute Savoie, à raison de 16 000 m³/an. Choisir le local est une évidence pour l’entreprise puisque la ressource ne manque pas et la qualité des arbres est excellente. La scierie essaie d’augmenter ses prix d’achat pour une répartition plus juste de la valeur ajoutée le long de la filière, notamment à l’égard des bûcherons. Mais cette démarche n’est pas imposée par BQS.
L’altitude et le climat montagnard assurent une croissance lente mais d’excellente qualité des arbres. La ressource est abondante et permet à la filière bois des Pays de Savoie d’être compétitive face aux pays du Nord.
Sylvain Chaumontet soutient que BQS a une carte à jouer dans la répartition de la valeur ajoutée en amont de la filière, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il pense que l’association aurait plus de sens si l’engagement des adhérents était davantage orienté vers des valeurs sociale et environnementale, notamment au niveau de la gestion forestière.
Par ailleurs, la forte pression sur le foncier et les héritages successifs ont abouti à un morcellement des forêts, qui complique une gestion appropriée de la ressource bois.
Sciage
“Ce sont surtout les clients qui mettent les notes.” Sylvain Chaumontet
BQS impose aux scieries un cahier des charges principalement pour améliorer la qualité (dimension, séchage et traçabilité). Tous les deux ans, les scieries sont auditées, notées et classées. Les trois entreprises les moins bien notées sont de nouveau contrôlées l’année suivante afin de créer une dynamique d’amélioration continue.
La scierie Chaumontet est une entreprise familiale créée en 1948. Si elle perdure encore aujourd’hui, c’est principalement grâce à de lourds investissements lui permettant de rester compétitive. L’entreprise compte 12 salariés, débite du sapin et de l’épicéa, sur liste. Son directeur est l’un des plus anciens membres de BQS mais remet aujourd’hui en question son adhésion, jugeant qu’il ne perçoit pas suffisamment de retour par rapport à l’argent et l’énergie investis.
Les réunions organisées par BQS sont l’occasion d’échanges entre les scieurs, qui ont tendance à se percevoir comme des concurrents plutôt que des collaborateurs.
L’association des adhérents à BQS permet de faire des achats groupés auprès des fournisseurs de produits de traitement et ainsi de baisser les prix.
Pour la scierie Chaumontet, l’association à BQS est perçue comme une contrainte supplémentaire : celle des réunions, du coût de l’adhésion et des audits bisanuels. Le système de notation des adhérents au sein de l’association n’a pour lui aucune valeur, il s’agit d’une note attribuée sur des critères d’étiquetage ou de formalités, bien loin de traduire la satisfaction du client.
La limite vient aussi de la méthodologie de l’enquête menée sur BQS. Seul un scieur sur les sept adhérents a pu être interviewé, faute de temps. Se renseigner auprès des autres scieurs, qui ont peut être adopté une stratégie de développement différente, permettrait d’apporter une autre vision de BQS.
Construction en bois
“Il y a beaucoup à faire : les charpentiers du coin sont piqués au bois du Nord. Moi je leur explique que je vais faire du local.” Béatrice Mugnier, co-directrice de Mugnier Charpente.
Pour être adhérent à l’association, les charpentiers doivent utiliser au moins 80% de bois estampillés BQS. Les audits sont principalement orientés sur le contrôle de la traçabilité.
Mugnier Charpente est une entreprise familiale de construction en bois (charpente, ossature, …) créée en 1963, compte 40 salariés et transforme 900m³ de bois par an. L’établissement a rejoint BQS en 2016 afin de valoriser sa stratégie de développement en local. Cette politique est “un choix logique étant donné la disponibilité de la ressource et l’efficacité de la filière en place.” L’approvisionnement en bois se fait exclusivement aux scieries BQS.
Mugnier Charpente a une volonté forte de s’inscrire dans le local pour créer des emplois et de l’activité sur le territoire. Ces principes sont aussi ceux portés par BQS.
“La filière locale n’a pas tant de raison d’être pour le client. Leur motivation première, c’est le prix.” Anne Guillot, co-directrice
L’adhésion a BQS n’apporte pas la mise en valeur espérée par l’entreprise. Les deux directrices voudraient que BQS soit mieux connue en aval, chez les consommateurs et les architectes, pour que l’association prenne sens. Or, les clients s’intéressent rarement à la provenance du bois mais davantage au prix. Il faudrait donc que BQS accentue sa sensibilisation auprès des consommateurs.
Marketing, démarchage et animation
La volonté de BQS est de faire valoir les entreprises du bois des Pays de Savoie en augmentant la part du local dans la construction. Pour y parvenir, l’association se place comme un interlocuteur avec les maîtres d’œuvre, assure un marketing et réunit ses adhérents pour définir les évolutions de BQS.
“Mon poste chez BQS m’oblige à être très polyvalent.” Simon Ribreau
Jeune ingénieur forestier, Simon Ribreau est chargé de mission chez BQS depuis 2018. Il est le premier salarié de l’association. Son rôle est de chercher de nouveaux adhérents, des chantiers publics ou privés pour avoir une longueur d’avance sur les concurrents, de gérer la communication mais aussi l’animation des réunions avec les partenaires tous les deux mois. Son poste est pour l’instant financé à 80% par des subventions régionale et européenne et à 20% par les adhérents. L’objectif est de trouver suffisamment d’adhérents pour maintenir son poste.
“J’essaie d’animer des réunions dynamiques, participatives et conviviales”. Simon Ribreau
Les réunions organisées tous les deux mois permettent aux adhérents d’échanger. Bien que la parole ne soit pas totalement libérée compte tenu des concurrences, ces réunions permettent au moins les rencontres, souvent lacunaires dans les filières bois.
Un marketing moderne est assuré par Simon Ribreau sur les réseaux sociaux et par la réalisation de vidéos. Il part aussi directement à la rencontre des consommateurs dans les rues des grandes villes de Savoie et de Haute Savoie.
Les réunions demandent du temps aux acteurs alors que leur travail est déjà exigeant.
BQS est une marque privée et ne peut donc pas être sollicitée par un acteur en charge d’un projet public. Une telle demande n’est possible que pour les certifications comme Bois des Alpes. Par ailleurs, le surcoût à l’achat des produits BQS (10 à 15%) rebute les élus, qui raisonnent souvent au cours terme et sous la contrainte budgétaire.
Organisation de BQS
- Rassembler les acteurs de la filière bois d’œuvre autour d’une marque, au marketing commun, pour favoriser le développement local.
- De nombreuses rencontres sont organisées entre les acteurs de la filière.
- Le regroupement des adhérents permet de faire baisser le prix des produits de traitement auprès des fournisseurs.
- Recruter suffisamment d’adhérents pour ne plus dépendre des subventions.
- Faire connaître BQS pour que la marque devienne une référence.
- Pour certains, il faudrait que les nouveaux adhérents soit davantage motivés par des convictions sociales et environnementales que des intérêts économiques (prix réduits par achat de groupe, subventions, …)
Pour les scieries, les cotisations se font en fonction du chiffre d’affaire et du volume, en plus d’une charge fixe de 100 ans par an.
Pour la deuxième transformation, la cotisation est fonction de la masse salariale et du volume de bois BQS approvisionné. Plus ce volume est important, moins la cotisation est chère.